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«Plusieurs légendes entourent l'apparition du Pur-sang arabe. Selon l'une d'elle, Allah l'aurait créé avec une poignée de vent du sud. Une autre le fait descendre des sept chefs de lignée des chevaux du roi Salomon. Une troisième le dit issu des cinq juments préférées du Prophète Mahomet».
Ce qui est certain, c'est que ce cheval incroyable m'a toujours fasciné. Je dédie ma fable à cette race fabuleuse.
Le pur-sang et le chameau
Il y avait un très beau cheval arabe, le préféré du sultan. Il était aussi blanc que les neiges éternelles de l’Himalaya. Les naseaux gris comme les nuages, les jours d’orage. C’était aussi le pur-sang le plus rapide de l’écurie. Il avait gagné plusieurs courses, toutes en terrain plat et peu éloigné. L’étalon, devenu arrogant vis-à-vis de ses confrères, devenait condescendant envers tous les autres animaux du palais et particulièrement envers les chameaux .
- « Ces fichus animaux n’ont pas de chance, leurs bosses sont disgracieuses en plus d’être lourdes à porter. Quant à leurs genoux, ce qu’ils sont cagneux ! Moi, j’ai un port fier, des jambes puissantes, dit-il un jour à un autre cheval, levant la tête avec dédain. Je les battrais très certainement à la course » .
Un chameau surprit ce discours peu flatteur et décida de donner une bonne leçon à l’étalon blanc.
- « Cher ami, j’ai cru vous entendre dire que vous pensiez battre l’un d’entre nous à la course. Eh bien, je suis prêt à vous convaincre du contraire. Le premier qui traversera le désert et en reviendra gagnera ».
Le pur-sang hennit de joie, certain de briller encore une fois. « Ce n’est pas une grande distance à parcourir », pensa-t-il, bien qu’il n’y fut jamais allé.
La course débuta le lendemain à l’aube sous un soleil éclatant. Le chameau cheminait à belle allure, cependant le cheval le dépassa largement, galopant sans ménager ses forces, imaginant la belle victoire qui l’attendait. Le vent qui se leva soudain ne le ralentit pas, ni les petites bourrasques de sable qui dansaient devant ses yeux noirs.
Après peu de temps, le vent souffla de plus en plus fort, ce qui ralentit la vitesse du pur-sang. Le sable entrant dans ses fers lui donna mal aux pieds.
«Cette course est plus difficile que prévue. Et je sens mes forces faiblir. Et j’ai si soif ! » se dit le cheval, écumant, soufflant, secouant ses pieds tout en courant.
Bientôt n’en pouvant plus il trotta lentement, la langue pendante, le cou penché pour contrer le vent. Arriva près de lui le chameau, tête haute, jambes solides.
- « Déjà épuisé mon cher ? Tu me regarde avec étonnement. Sans doute te demande-tu pourquoi je ne suis pas épuisé. Eh bien, apprend que ces bosses que tu trouves si laides sont remplies de graisses qui me permettent de ne mourir ni de faim ni de soif.
Le cheval, le regarda penaud, le regard vague, affaibli par la soif et les jambes flageolantes.
Le chameau, certain que la leçon eût prit effet, mena le pur-sang blanc à une oasis voisine et le laissa boire tout son content. Ils revirent ensuite vers le palais, chameau devant, étalon suivant dernière, la tête basse, indifférent aux regards étonnés.
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