Thursday, December 07, 2006

Infortune (nouvelle)

La première nouvelle que mon prof a vraiment apprécié. C'est pas long et tout bête comme histoire. Il y a le fameux renversement au cours du texte :)

Infortune

Des rues désertes. La ville entière dort. Je me dirige vers un bar miteux, dont l’enseigne au néon s’allume à moitié. À l’intérieur, je retrouve mes chers machines, amies fidèles qui égayent mes sorties tardives. Des couleurs aux accents multicolores dansent sur l’écran devant mon regard juvénile avide de richesses. Avec deux mille dollars, je pourrais modifier ma voiture. Impressionner les filles avec mon char chromé. Je jette un coup d’œil à gauche. Mon voisin de jeu, la mi-quarantaine, les yeux rougis, fixe son jeu, regardant alternativement l’écran et les touches, sa main effectuant des gestes saccadés. Un robot. Flashs de ce que j’ai déjà perdu : ma copine, excédée de mes pertes d’argent, la plupart de mes amis d’enfance, dégoûtés de mon attitude. Je m’en suis fait d’autres, aussi paumés que moi. Joueurs et buveurs invétérés. Une petite voix me susurre parfois que je vais trop loin.

La douce musique claironnante du poker me ramène à mon jeu. 200…400…800 $. C’est une bonne soirée. Je veux en récolter plus. Toujours plus. Le tourbillon me happe. Plus que 1200 $ à gagner. Je suis une âme damnée mais j’éprouve un énorme plaisir à étirer mon séjour en enfer. J’irai au casino avec mes gains de ce soir. Je pourrai miser plus, amasser plus. Une jolie fille, une voiture sport, une belle maison, un immense terrain avec piscine. Tout ça pourrait être à moi. La fièvre s’empare de mon esprit. Quelqu’un me prend l’épaule, m’arrachant à mes rêves de gloire. Mon voisin.

-T’es pas mal jeune pour jouer à ça.

Haleine qui empeste l’alcool. Yeux vides. Éteints de la vie qui les a un jour animés. Je déglutis. Me vois soudain dans cette peau vieillie avant le temps, ces mains tremblantes, ces yeux de poisson mort. Un vieux dragueur chancelant qui se fait regarder de travers par les femmes. Un homme fini.

D’un geste brusque je lâche les touches. Le réveil est cruel. Une boîte noire de plastique. Des couleurs agressives qui se multiplient dans l’écran. Le bruit est assourdissant. Ma tête résonne. Je saute de mon banc et me rue vers la sortie. Mes mains sont moites. Une sueur froide coule dans mon dos. Je rentre à vive allure chez-moi sans me retourner.

La fille, l’auto, la piscine et la maison disparaissent dans la nuit noire.

Monday, November 27, 2006

Le trésor (nouvelle inédite)


Pour vous, une nouvelle que je n'ai pas faite pour l'école :)

Le trésor

Une vieille femme s’assoit sur un banc défraîchi. Les écureuils gris, au pelage luisant, s’approchent avec crainte, lorgnant les noix succulentes qu’elle leur présente. L’un d’entre eux se décide enfin et tend son minuscule museau sur la main de la dame. Celle-ci sent à peine les petites dents sur sa paume, une parcelle de seconde avant qu’elles se retirent, tenant leur trésor fermement. La dame soupire de contentement, savourant ce moment précieux de solitude. La solitude voulue, non celle subie. Elle regarde autour d’elle. Tout respire la tranquillité, le calme et le bien-être. Envahie d’une immense paix intérieure, elle ferme les yeux et ne remarque pas le destin qui se joue tout près d’elle.

Une jeune fille, presque une enfant, tenant fermement contre elle un petit paquet chaud, se dirige furtivement vers une haie et y dépose un précieux fardeau. Elle s’éloigne, sans l’ombre d’un remord, d’une démarche incertaine, visiblement droguée. Un chien grogne soudain, la truffe perdue dans la haie. Il ramasse délicatement le petit lange contenant le bébé vagissant.

Le labrador noir regarde autour de lui, indécis. Il se décide finalement à emprunter un chemin d’un pas rapide mais pas trop brusque pour ne pas échapper le bambin. Le soleil ne fait que poindre, les camions à déchets ramassent les poubelles. Le bruit qu’ils font enterrent ceux du bébé. Personne dans la ville à moitié réveillée ne se rend compte qu’un petit être sans défense compte sur un chien pour le sauver. La brave bête parcourt quelques rues, sans que personne ne remarque son curieux manège. Le labrador s’arrête soudain dans une étroite ruelle, où il rejoint son maître. Le clochard l’interpelle :

-Hé, Chopin, qu’as-tu dans ta gueule, mon beau ?

Il s’approche du chien et lui gratte les oreilles avec affection. Il s’arrête en entendant un pleur, tandis que le chien dépose le petit trésor vivant à ses pieds.

-Mon Dieu ! s’écrie le vieillard, une main devant la bouche, éberlué.

Il tend sa main vers la couverture, la défait de gestes doux. Il s’interrompt, la main en l’air, pas certain de ce qu’il voit. Comment peut-on ? Pourquoi ? pense-t-il, indigné. Le bébé est maintenant en crise, rouge de colère. Le vieux monsieur s’assit, prend le chérubin et le serre contre son cœur. Il approche son pouce. Le bébé tête frénétiquement. Cela le calme un peu. Le labrador regarde la scène, couché près de son maître. Celui-ci se gratte la tête. Il se redresse soudain, souriant. Le clochard et le chien noir marchent quelques rues avant de se diriger vers une jeune enseignante, occupée à surveiller les élèves dans la cour d’une école.

-Mademoiselle Marianne !

Elle se retourne, aperçoit le vieillard de l’autre côté de la clôture en acier.

-Ah, Monsieur Gagnon ! Comment allez-vous ?

-Bien, Madame. Regardez, Chopin l’a trouvé.

Il lui montre le petit être vulnérable.

-Mais, il faut l’emmener tout de suite au poste de police ! Ils doivent trouver ses parents !

-Mais, Mademoiselle, j’avais pensé que vous…je veux dire, vous m’avez déjà dit combien vous souhaitiez avoir un enfant…

Marianne surprise, tord ses cheveux entre ses doigts.

-Je peux pas faire ça…Donnez-le moi, on va retrouver ses parents.

Le clochard tend l’enfant à Marianne par la porte grillagée qu’elle a ouverte.

-Vous savez, ce serait pas un crime de le garder, je suis sûr qu’il a été abandonné.

Il lui fait un clin d’œil malicieux et s’éloigne avec le labrador d’un pas léger.

La jeune enseignante regarde le petit garçon, indécise. Après tous ces essais infructueux, cet enfant semble être sa récompense. Elle imagine la surprise de son conjoint mais peu après, sa désapprobation énergique. Elle secoue la tête et, décidée, va demander congé à sa supérieure, laissant les enfants aux bons soins d’une autre enseignante.

Peu après, Marianne entre au poste de police, le bébé assoupi dans ses bras. Des gens la regardent, étonnés. Elle parle avec un agent. Ils font venir une travailleuse sociale. Elle parle longuement avec Marianne, lui montrant les bienfaits de son action, consolant la jeune femme. L’agent de police prend les coordonnées de Marianne, lui promettant de la rappeler aussitôt qu’ils auront des informations sur les parents.

La jeune femme sèche ses larmes et prend une dernière fois la petite main entre ses doigts. Le bébé esquisse un sourire. Marianne sort du poste de police, déçue et soulagée à la fois. Elle sait que quelque chose de bien va arriver. Si elle ne peut pas adopter le bambin, elle pourra peut-être avoir son propre enfant. Elle a confiance.

Les écureuils se font plus rares, repus. Le soleil chaud monte plus haut. Il est l’heure de dîner. La vieille dame contemple une dernière fois les lieux. Elle se lève avec lenteur du banc public. Non loin d’elle, une jeune femme aux yeux brillants lève les yeux au ciel, souriante. La vieille dame l’observe d’un air bienveillant, puis elle se dirige vers son appartement à pas traînants.



Tuesday, November 07, 2006

La création du monde


Dans un de mes cours, le prof nous a demandé d'imaginer la création du monde. Voici une de mes visions.

La naissance de Gaïa

Dans un temps indécis, il y a fort, fort longtemps, vivait Dame Mira. Une géante au corps fluide et gracieux, aux cheveux longs et cristallins couleur d’azur, qui allait et venait à travers l’univers, dans une robe longue avec traîne, aux accents de la nuit étoilée. Son terrain de jeu était un vaste endroit, plus grand encore que l’infini. Elle s’ennuyait atrocement, malgré les nombreux prétendants qui frappaient à sa porte. Le Soleil, vif, incandescent, aux lames de feu, lui brûlait les joues. Mars, l’amant colérique, lui faisait peur par ses grands transports emplis de haine, ses discours rageurs et sa passion étouffante. Jupiter quant à lui, était trop calme, trop rêveur. Près de lui, Mira était transparente. Tout à son monde intérieur enchanté, il s’occupait trop peu d’elle.
Il y eut aussi Saturne, le charmeur Saturne, qui l’étourdissait mais se jouait d’elle, la tenant prisonnière dans ses anneaux. Elle succombait de passion parfois, et de leurs unions naquirent de nombreux satellites, qui flottaient autour de Saturne, faisant sa fierté. Mira n’était pas heureuse. Bien vite, Saturne la trompa avec sa jolie voisine Fira. De dépit, Mira partait pleurer toutes les larmes de son joli corps, cachée dans la noirceur d’un coin de l’univers qu’elle repliait sur elle, pour ne pas qu’on la vit. Un jour, la Voie Lactée, sa confidente, surpris ce manège. Emplie de compassion, elle décida de présenter un de ses amis à Mira.
Le prétendant, Lune, avait des yeux qui reflétaient la beauté de l’Univers, qui passaient de l’argent le plus pur au doré lumineux, selon les inclinaisons de la lumière qui les entouraient. Mira se perdait dans ces yeux couleur étoile chatoyante. Leur union fut presque instantanée, mue par une forte attirance réciproque. Mira élu bien vite domicile chez Lune, se recroquevillant en lui, ne formant qu’un avec son compagnon. De ce très bel amour bénit par les étoiles naquit Gaïa. Malheureusement, cette fille si attendue était souffrante, aride et souriait faiblement. Elle avait une toux sèche persistante qui creusait des sillons dans son pauvre petit corps sablonneux. Voyant cela, Mira la serra dans ces bras, pleurant doucement sur le corps friable, implorant l’Univers de lui laisser sa fille bien-aimée.
Les pleurs s’étendirent dans les vallons, du souffle chaud de la mère, une marguerite étendit ses pétales. La magie s’installa, Gaïa s’emplit de vie et par ce même miracle, créa la vie. La clarté bienveillante de son père Lune, mit à jour tous les êtres qui était nés à partir de larmes fraîches et d’une marguerite. Mira relâcha son étreinte, retourna dans la maison de son amant Lune et, tous deux, ils regardèrent leur fille grandir, le rire pétillant comme une petite cascade les jours d’été, les yeux étincelants, le corps animé, grouillant de vie.

Wednesday, October 04, 2006

Hommage à mon grand-père


Ça fait déjà deux semaines qu'il est parti et nous n'y croyons pas encore. Rongé par un cancer, grand-papa a finalement trouvé la paix et nous l'espérons, un monde sans douleur et calme.

Peu avant sa mort (deux semaines en fait), j'ai créé un texte m'inspirant de sa vie et de celle d'autres hommes de son âge. Ma mère l'a lu et a fait, « c'est l'histoire de grand-papa et grand-maman ». L'ambiance coïncidait beaucoup, même le travail de bûcheron. Maintenant qu'il est mort, je dédie ce texte fictif à grand-papa, un homme fier et brave, doté d'humour, nous aimant tendrement.
Il nous manque.


La campagne

Je me souviens de mon enfance en campagne, misérable et pauvre, mais non dénuée de tendresse et d’affection. Notre maison, pas très grande, coquette, nous suffisait amplement. Elle était juchée sur une petite colline. Non loin de là, débutait notre terre rocailleuse, laissée en friche en plusieurs endroits. Nous avions cinq bêtes à cornes, quelques poules et un cheval gris, aux jarrets forts et épais. Nous le montions parfois en récompense de notre travail accompli. Mon père, grand et maigre, partait vaillamment faire la besogne tous les matins au lever du soleil, tandis que le coq s’égosillait et ensuite s’acharnait sans compter les heures sur la terre presque stérile. Nous, les enfants, l’aidions du mieux que nous pouvions, ramassant les roches au printemps de nos petites mains. Toute la belle saison sur les talons de mon père, jusqu’à la fin de l’été, période des foins, ou nous chargions avec difficulté les balles de foin sur le chariot.

Le couple formé par mon père et ma mère était aimant, ne reculant devant rien pour notre bien-être, sacrifiant leur propre bonheur pour le notre. On en avait la plus belle et déchirante preuve au début de l’automne alors que mon père partait vers la Côte-Nord pour aller bûcher dans les bois. Le revenu supplémentaire qu’il en rapportait, devrais-je apprendre plus tard, devait permettre à nous les enfants, de bien manger, d’être bien vêtus et instruits.

Ma mère, cette brave femme de paysan, avait mis au monde onze enfants. Je me rappelle son rire d’épouse heureuse mais aussi de ses sautes d’humeur. Je crois que lorsque mon père partait bûcher, ma mère s’en voulait de le laisser partir. Elle souffrait terriblement de l’absence de son bien-aimé. Elle tentait sûrement de se raisonner mais n’y arrivait pas. Au début, elle ne semblait pas trop s’ennuyer, elle remplissait ses devoirs de ménagère et de mère avec entrain, sifflotant un air joyeux parfois. Plus l’hiver s’enfonçait, plus son sourire se faisait rare. Le chagrin se peignait sur son visage fin. Ses yeux tristes révélaient la douleur d’une amoureuse déçue. Le cœur de ma mère souffrait en silence. Elle s’enfermait alors dans un monde inaccessible et devenait irritable, les pleurs perlant au coin de ses yeux d’un bleu de ciel clair. Par moment, sa bouche se fermait durement, hermétiquement, comme tenue par un verrou tiré de l’intérieur. Une colère sourde grondait en elle, mêlée à une grande insatisfaction.

Petite fille, je ne comprenais qu’avec grand-peine que ces réactions étaient liées à l’absence de mon père. J’avais parfois l’impression que ma mère était fâchée contre nous. Nous redoublions alors d’ardeur dans les tâches ménagères, la secondant en tout. Les plus vieux s’occupaient même des touts-petits et du bébé. Les années où mon père réussissait à descendre pour passer les Fêtes avec notre famille, l’humeur de ma mère changeait du tout au tout. Elle redevenait rieuse, bavarde, ses regards emplis de tendresse pour nous. Elle ne lâchait pas mon père de ses yeux rêveurs, tandis qu’il nous donnait des présents sous le sapin et jouait avec nous. Quand il l’embrassait, les yeux de ma mère brillaient tels des étoiles. Les longs mois de la saison froide ne semblaient dès lors plus l’affecter, elle attendait le printemps et le retour au bercail de mon père avec sérénité.








Friday, September 29, 2006

Le chat noir (nouvelle fantastique)


Le chat noir (deuxième jet)

À l’évocation du jeudi 17 octobre 1880, je ne peux m’empêcher de rire, d’un rire las et cynique. Voyez-vous, ce soir-là, ma vie bascula. C’était pourtant une belle nuit, quoiqu’on n’y vit goutte, le brouillard pesant lourd sur la ville de Londres. Je revenais de chez des amis, quelque peu aviné. À cette heure, je ne vis qu’un fiacre apparaître sur la route, les chevaux menant la voiture d’un pas lourd et épuisé. Puis, l’endroit devint complètement désert, j’avais peine à voir à travers l’épaisse masse de brume. Je resserrai ma redingote, rajustai mon chapeau. Il commençait à faire frisquet.

J’entendis l’herbe frémir derrière moi et me retournai, ne discernant rien dans le crachin opaque. J’avançai plus rapidement, le froufroutement s’accentuant, tout juste dans mon dos. Il y avait une présence qui me suivait. Soudain pris de panique, je couru jusqu’à ma propriété et jetai un dernier coup d’œil, le cœur battant à tout rompre. Dans la lumière blafarde du réverbère, deux lueurs d’un vert d’absinthe ainsi qu’une forme obscure élancée apparurent. Ce n’était donc qu’un chat ! D’un noir ténébreux, certes, mais un chat tout de même. Je m’esclaffai de nervosité, les battements de mon cœur ralentissant. Je lui ramenai un peu de lait, question de l’amadouer. Il avait déjà disparu. «Quelle bête stupide !», pensai-je.

La douceur du vin me rendait somnolent, j’allai donc dormir. Mes rêves se peuplèrent de cauchemars où apparaissait le chat. Je me réveillai en sueurs, alors qu’un orage battait son plein. Je découvris avec effroi, dans la lueur d’un éclair, le félin au poil hérissé juché sur le bord de ma fenêtre. Ses griffes poussèrent la vitre et il entra. J’étais figé de terreur. Il sauta sur mon lit, les crocs relevés. Crachant et sifflant. «Assassin, tu n’es qu’un assassin! », hurla le chat. De grosses gouttes perlèrent sur mon front. Je tremblais violemment. Comment pouvait-il savoir ? Personne ne connaissait mon odieux crime ! «Assassin, assassin, scandait le chat, menaçant. Les mains sur mes oreilles, je lui criai : «Tais-toi, démon ! ». Il s’avançait toujours.

Effrayé, je couru à la porte. L’ouvrit à grande volée. Détalai dans la rue. À moitié fou, sous la pluie drue. L’immonde bête me pistait. Je pris le premier virage à droite, hagard. C’était le cimetière. Je dérapai et tombai à genoux. Devant une tombe. Éberlué, je vis son nom. Celui de mon ami. Assassiné de mes mains. Moitié pleurant, moitié gémissant, je l’implorai. «Oui je t’ai tué ! Pardonne-moi ! Tu m’as bien puni ! Laisse-moi maintenant ! », criai-je à tue-tête. J’entendis un ricanement sinistre. Le chat sur la tombe. Ce monstre velu riait !

Me voilà un an après, attendant ma sentence. Je serai pendu demain. Ha, je ris d’un rire amer. Que ce destin est cruel, condamné à mort à cause d’un stupide chat de gouttière !

Wednesday, September 27, 2006

Fable : Le pur-sang et le chameau


«Plusieurs légendes entourent l'apparition du Pur-sang arabe. Selon l'une d'elle, Allah l'aurait créé avec une poignée de vent du sud. Une autre le fait descendre des sept chefs de lignée des chevaux du roi Salomon. Une troisième le dit issu des cinq juments préférées du Prophète Mahomet».

Ce qui est certain, c'est que ce cheval incroyable m'a toujours fasciné. Je dédie ma fable à cette race fabuleuse.

Le pur-sang et le chameau

Il y avait un très beau cheval arabe, le préféré du sultan. Il était aussi blanc que les neiges éternelles de l’Himalaya. Les naseaux gris comme les nuages, les jours d’orage. C’était aussi le pur-sang le plus rapide de l’écurie. Il avait gagné plusieurs courses, toutes en terrain plat et peu éloigné. L’étalon, devenu arrogant vis-à-vis de ses confrères, devenait condescendant envers tous les autres animaux du palais et particulièrement envers les chameaux .
- « Ces fichus animaux n’ont pas de chance, leurs bosses sont disgracieuses en plus d’être lourdes à porter. Quant à leurs genoux, ce qu’ils sont cagneux ! Moi, j’ai un port fier, des jambes puissantes, dit-il un jour à un autre cheval, levant la tête avec dédain. Je les battrais très certainement à la course » .

Un chameau surprit ce discours peu flatteur et décida de donner une bonne leçon à l’étalon blanc.
- « Cher ami, j’ai cru vous entendre dire que vous pensiez battre l’un d’entre nous à la course. Eh bien, je suis prêt à vous convaincre du contraire. Le premier qui traversera le désert et en reviendra gagnera ».
Le pur-sang hennit de joie, certain de briller encore une fois. « Ce n’est pas une grande distance à parcourir », pensa-t-il, bien qu’il n’y fut jamais allé.

La course débuta le lendemain à l’aube sous un soleil éclatant. Le chameau cheminait à belle allure, cependant le cheval le dépassa largement, galopant sans ménager ses forces, imaginant la belle victoire qui l’attendait. Le vent qui se leva soudain ne le ralentit pas, ni les petites bourrasques de sable qui dansaient devant ses yeux noirs.

Après peu de temps, le vent souffla de plus en plus fort, ce qui ralentit la vitesse du pur-sang. Le sable entrant dans ses fers lui donna mal aux pieds.
«Cette course est plus difficile que prévue. Et je sens mes forces faiblir. Et j’ai si soif ! » se dit le cheval, écumant, soufflant, secouant ses pieds tout en courant.

Bientôt n’en pouvant plus il trotta lentement, la langue pendante, le cou penché pour contrer le vent. Arriva près de lui le chameau, tête haute, jambes solides.
- « Déjà épuisé mon cher ? Tu me regarde avec étonnement. Sans doute te demande-tu pourquoi je ne suis pas épuisé. Eh bien, apprend que ces bosses que tu trouves si laides sont remplies de graisses qui me permettent de ne mourir ni de faim ni de soif.
Le cheval, le regarda penaud, le regard vague, affaibli par la soif et les jambes flageolantes.

Le chameau, certain que la leçon eût prit effet, mena le pur-sang blanc à une oasis voisine et le laissa boire tout son content. Ils revirent ensuite vers le palais, chameau devant, étalon suivant dernière, la tête basse, indifférent aux regards étonnés.

Sunday, September 17, 2006

Fable : Le serpent et la mangouste

Voici mon premier texte, inspiré des fables de Lafontaine :)


Le serpent et la mangouste

Un cobra s’en allait gaiement dans les herbes, ondulant, sautillant par moments. Il se réjouissait de son ventre plein d’un petit mulot fraîchement dévoré.
- «Ce fut tellement facile», se félicitait le serpent. «Furtivement, je m’approchai, puis clac ! D’un coup de dents, l’immobilisai de mon venin puissant».
Ce disant, passant près d’une flaque d’eau, il se mira dedans, admirant ses crocs pointus comme des aiguilles.
-«C’est bien vrai que je suis redoutable», s’écria-t-il. «Dans le village voisin, hommes, enfants et bêtes tremblent en me voyant».

Il continua son chemin, sifflotant, se gonflant d’orgueil et se redressant fièrement. Il rampait ainsi, le port haut et arrogant, quand il croisa une mangouste, mammifère pas plus gros qu’un petit singe et semblable à une belette.
Celle-ci avait entendu le serpent s’exclamer haut et fort. Elle décida de tirer la situation à son avantage.
-«Bien le bonjour, Maître cobra. Je vous convie à un duel». Le serpent s’étouffa presque de rire. «Ce sera trop facile», se dit-il, confiant.-«Bien, déclara-t-il, nul doute que mes crocs vous paralyseront et que vous regretterez votre sottise!».

Le combat commença. Le serpent ondula de part en part et plongea vers la mangouste qui ne cessait de zigzaguer devant lui. Elle évita les coups de crocs et se faufila habilement. Tant et si bien qu’elle étourdit le pauvre serpent. Voyant sa chance, la mangouste planta ses dents dans le cou du serpent. Celui-ci, le souffle coupé, s’effondra.
-«Quoi ?, râla le cobra. Une si petite chose cause ma perte ? J’ai été bien vaniteux. Ah, si je n’avais pas eu tant d’orgueil, j’aurais vu le piège!» Là-dessus, il meurt, et la petite mangouste, triomphante, le traîne vers sa tanière.





Textes à venir


J'ai pensé exposer mes textes créés en cours ici, sur ce blog, question de vous divertir. J'en ai déjà trois en chantier : une fable, une nouvelle ainsi qu'un récit fantastique. Il me reste à les taper à l'ordinateur au propre.

J'écris en effet au crayon de plomb, je trouve que c'est plus facile de biffer et de démêler ses pensées sur papier. Un crayon, c'est extraordinaire, c'est un peu le prolongement de la main. Il file sur le papier, dans un mouvement fluide, on peut ainsi jeter en vrac diverses avenues sans arrêter ou presque. Tandis que les touches de l'ordinateur, plus mécaniques, plus saccadées, limitent l'expression de l'imagination. Enfin, je trouve. C'est drôle parce que, jusqu'à cet automne, j'écrivais exclusivement mes articles journalistiques à l'ordinateur, mes notes rapides sur papier, bien sûr, mais le squelette de la nouvelle se faisait sur l'ordi. Ce n'est que récemment que j'ai recommencé à écrire sur papier, en création littéraire, redécouvrant tout le charme de ce support.

Donc, voilà, attendez-vous à lire mes créations
d'ici peu :)

Tuesday, August 29, 2006

Quelques jours avant le début des cours...

Cette année est particulière, j'écoute enfin la petite voix qui ne cessait de me sussurer «il faudrait que j'écrive» et je saute à pieds joints dans la création littéraire. C'est excitant mais un peu effrayant. Depuis toujours, comme beaucoup d'écrivains, je crois, j'ai la hantise de la feuille blanche. Quand je dessine, je l'ai parfois aussi. C'est une sorte de pudeur qui me retiens d'écrire ou de dessiner de ce que je ressens au fond de mon être. Cette année, donc, j'apprivoiserai cette peur et tenterai de mettre à jour une création ou des créations particulières.